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Trente-six années de cancérologie, de succès et d'échecs imposent l'humilité. Elles rendent plus sensible au malheur, car nous ne guérissons que 50 % de celles et ceux qui se confient à nous. Je n'ai jamais pu dire à un malade ou à sa famille : " Je ne peux rien faire pour vous ". Il ne s'agit pas de faire croire à des miracles impossibles : ils ne dépendent pas de nous. Même en fin de vie, il y a des choses à dire, à faire. Elles nous rapprochent aussi de notre propre fin. Je n'ai jamais accepté de rester seulement un technicien, de ne pas voir plus loin que l'organe atteint. Ce n'est pas une exigence que je me suis imposée, c'est une impossibilité de faire autrement. La double spécialité de chirurgien qui cherche à éliminer le mal, et de cancérologue qui suit, de mois en années, la personne malade, guérie ou en sursis, fait vivre une partie de l'histoire de celui ou de celle que l'on soigne ou accompagne au seuil du départ. Et cette histoire entre dans la nôtre. Avec Sylvia, déjà plus tout à fait sur la terre et pas encore au ciel, j'ai vécu des moments d'une grande intensité. Peut-être résument-ils d'autres histoires.