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L'introduction de cet ouvrage pose la lourde question que soulevait déjà en 1945 le Père de Lubac : « Il semble que l'Église ait honte de ses martyrs ». Pourquoi ? Le silence qui, aujourd'hui encore, semble recouvrir leur mémoire proviendrait-il d'un « changement de paradigme » dans le catholicisme français ? Jean Tinturier, séminariste de Bourges contraint par le S.T.O., est parti avec sa classe d'âge requise dans le Reich. En Thuringe où il arrive, il se donne à l'action catholique pour soutenir ses compagnons : cette résistance d'inspiration chrétienne, localement organisée, se traduit alentour par un fraternel soutien moral et spirituel. Repéré par la Gestapo, il est arrêté parce que «.par son action catholique auprès de ses camarades français pendant son service du travail obligatoire, J. T. est un danger pour l'État et le peuple allemand. » De Berlin arrive la condamnation aux camps de concentration : Flossenburg, Mauthausen, Auschwitz et retour à Mauthausen... pour, entre deux jocistes, y mourir, ayant en ses mains une planchette dans laquelle il avait fait dix crans... son chapelet. Cette action catholique française, la « Mission Saint Paul », fut la seule de ce genre organisée au sein des dix millions de Zwangsarbeiter provenant de toute l'Europe et asservis par le Grand Reich. Page de lumière et d'entraide. Victoire de l'amour et de l'amitié sur la haine farouche, Joël Fortmann, jeune historien allemand, estime que cette « résistance pacifique de l'action catholique française a fortement participé à la construction d'une Europe nouvelle, pacifique... Mais jusqu'à présent l'Église s'est tue. Pourquoi ? ».