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Ce travail veut rendre compte de la révélation biblique relative à l'efficacité divine des Sacrements en faisant l'économie des paradoxes liés à la théorie de la causalité instrumentale. Le Christ ayant donné les Sacrements à son Église pour rester présent et agissant auprès de ses disciples, chaque Sacrement est une action du Christ, actuellement signifiée dans l'Église. Cette grâce ou cet agir divin n'est pas seulement signifié dans un rite ecclésial, mais aussi (pour cinq Sacrements) par un ministre ordonné, la succession apostolique étant le garant et le signe nécessaire de son pouvoir ecclésial. Un prêtre ne prétend pas, comme les chamanes, détenir des pouvoirs surnaturels : il n'est pas un instrument de la grâce, il en est, comme le disait Jean Chrysostome, le signe. Son pouvoir n'est pas un pouvoir surnaturel de faire grâce : c'est un pouvoir ecclésial d'être le signe certain ou le garant d'une grâce qui vient de Dieu seul. La juridiction des évêques n'est pas un pouvoir reçu de l'Église ; c'est l'exercice légitime, sur un certain domaine, des tria munera reçus de l'ordination. Ce que l'Église confère, c'est la détermination ou la limitation de ce domaine. Ainsi, on comprend que la juridiction universelle du pape n'est pas un pouvoir étranger à l'épiscopat ; elle tient à une absence de limitation du domaine sur lequel s'exercent les pouvoirs reçus de son ordination. Selon Thomas d'Aquin, « c'est le caractère intérieur qui constitue essentiellement et principalement le sacrement de l'ordre. » On dira, plus précisément, que l'ordination confère d'abord une mission, et, seulement de ce fait, la grâce nécessaire à son accomplissement. À la différence du baptême ou de l'eucharistie, la raison d'être de l'ordination n'est pas d'abord la sanctification de celui qui reçoit ce Sacrement, mais de l'Église dont il est le ministre. Avec beaucoup de clarté et d'une grande précision historique, cet ouvrage expose de façon méthodique, le développement théologique du sacrement de l'ordre. Prêtre du diocèse de Versailles, après des études de théologie de philosophie à Paris, Rome, Fribourg et Oxford, l'auteur poursuit ici sa réflexion sur la nature des Sacrements, définie non pas comme un signe efficace, mais comme un agir divin signifié dans l'Église. Il a développé cette intuition dans des études, déjà parues, sur le Baptême, la Confirmation, la Réconciliation et l'Onction de malades.