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À la fin de L'Odyssée, Ulysse, revenu à Ithaque, enfin reconnu par tous les siens, semble près « de goûter le plus doux des sommeils » en compagnie de Pénélope, mais non ; le voici contraint d'avouer à sa patiente épouse que, selon la prédiction du devin Tirésias, il doit subir une dernière et longue épreuve : courir le monde avec une rame polie jusqu'au moment où un passant, croisé dans le pays des gens qui ne connaissent pas la mer et ne mettent pas de sel dans leurs aliments, lui demandera pourquoi il porte ce battoir à paille sur l'épaule. Alors seulement, ayant planté sa rame à terre et sacrifié aux dieux, il connaîtra la plus douce des morts qui viendra le prendre au terme d'une heureuse vieillesse.Cette rame évoquée par Homère est devenue la mienne, présente et invisible sur mon épaule, depuis que j'ai quitté le jardin d'enfance pour labourer la planète.De temps à autre je la change de côté – personne encore ne m'a demandé pourquoi je portais ce battoir à paille – et j'essaie de me convaincre qu'il faut imaginer Ulysse heureux. Il faut l'imaginer aussi occupé sans cesse à inventer sa vie, laquelle est sa création même.Une certaine sagesse s'installe. Bientôt je serai en route vers de nouveaux territoires où l'entretemps, ce soleil du présent, n'existe que si on le nourrit.Comme Ulysse, je n'en finirai jamais de regagner Ithaque. Mais où est la véritable Ithaque ?