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Confrontée à un passé bien lourd, d'abord privée de sources, l'historiographie allemande s’est libérée peu à peu de la perception qu’avaient eue les contemporains des réalités du Troisième Reich. Comme toute gestion mémorielle des crises graves et des époques criminelles, l’histoire de la période 1933-1945 fut d’abord écrite en marge d’une opinion plus soucieuse de tourner la page que de se souvenir. En mettant spectaculairement en évidence la responsabilité des fonctionnaires, les grands procès des années 1960 (Eichmann, Einsatzgruppen, Auschwitz) alimentèrent la contestation par la jeune génération du passé de leurs pères. Des fictions, des polémiques relayées par les médias et des expositions spectaculaires contribuèrent à la prise de conscience. Tel fut par exemple le cas de la présentation au grand public des crimes de la Wehrmacht, qui détruisit le mythe d’une armée noble comparée à des SS responsables de tous les maux. Las d’une république en crise endémique l’électorat du Reich avait attendu des solutions miracles d’un homme providentiel. Mais selon une formule célèbre, les Allemands de 1932 n’ont voté ni pour la guerre, ni pour Auschwitz. Ils ont pourtant eu l’un et l’autre – et le nazisme en fit des instruments de son pouvoir. Quand ils en prirent conscience, il était trop tard. L’impossibilité d’agir autrement ne fut pas la seule raison de l’adhésion au régime jusque dans sa dimension criminelle. La lecture actuelle est beaucoup plus nuancée.