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Figure familière et populaire, le prédicateur est déjà omniprésent en ville à la fin du Moyen Âge. Pourtant son importance ne cesse de croître au temps de la Réforme catholique: jamais le monde urbain n'en a dénombré autant; aux rendez-vous habituels s’ajoutent d’autres cycles saturant l’espace et le calendrier; tous les sanctuaires s’équipent d’une chaire à prêcher; les commanditaires les gratifient et les honorent. Les réguliers, mendiants et récents, continuent à régner sur la prédication, mais les évêques assument aussi cette charge, parfois personnellement, assistés du chanoine théologal partout institué et d’un clergé paroissial compétent. Au-delà du passage de ténors de la chaire, chaque ville possède désormais ses orateurs reconnus, soutenus par les institutions locales. Pour tous, la question de la formation et de l’efficacité est cruciale, comme en attestent les nombreuses notes d’auditeurs. Destinés à un public dévoué, les meilleurs discours connaissent une seconde vie grâce à l’impression. Enfin, si la principale mission du prédicateur consiste à instruire, il est encore un acteur de son temps. Sa voix est mobilisée au service des combats et débats (affrontements confessionnels, jansénismes, politique de concorde et de pacification) qui animent les cités. Prenant appui sur un vaste corpus archivistique conservé dans dix grandes villes de la France de l’Est entre 1550 et 1790, cette étude contribue à la connaissance renouvelée des oralités religieuses.