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Si l'histoire de la mort a suscité de nombreux travaux, celle du sort réservé au corps morts reste méconnue. Jusqu’au XVIIIe siècle, l’Église se charge de l’ensevelissement des corps dans les églises, chapelles ou cimetières adjacents, en veillant à sacraliser ces espaces funéraires. Mais l’urbanisation, l’influence des scientifiques et des philosophes et les exigences de santé publique entraînent une série de mesures administratives. Le mouvement hygiéniste souligne au XIXe siècle les problèmes de séparation définitive des vivants et des morts et du choix de l’emplacement du cadavre. Dans le cimetière public et laïc, une nouvelle célébration de la mémoire voit le jour. À partir des années 1870, des médecins positivistes prônent la crémation des corps au nom de la santé publique et revendiquent la liberté d’expérimentation, tout en demeurant attachés au respect du culte des morts. Historiens, sociologues et anthropologues mêlent leur regard pour penser le temps et les formes du passage de la communauté des vivants à l’univers de la mémoire.