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On a écrit en substance que le patrimoine résulte du sacrifice que l'on consent en vue de sa sauvegarde (André Chastel). Est-ce aussi simple ? La conservation ne résulte pas d'un troc, financièrement traduit ou non, contre une parcelle de modernité. Car le patrimoine ne relève pas du luxe inutile. L'approche protéiforme qui est ici adoptée suggère une réalité plus complexe. L'histoire confirme la succession des hasards et des survies inattendues, la brutalité des conflits entre les forces de destruction et l'aspiration poétique à rendre le temps immobile, la récurrence des utopies nourries de nostalgies. Peu à peu, un habitus patrimonial s'est composé, fait de donquichottisme sans espoir mais combatif, d'habileté à prendre la faveur de la vague, de prescience de l'avenir. Pour quels enjeux plaide-t-il ? Pour que, dans la cité, une place soit faite à l'héritage, pour que le territoire, propriété collective par excellence, cesse d'être altéré par un processus qui semble irréversible, pour qu'à la paresse, à l'égoïsme et à l'idéologie qui ruinent peu à peu les conditions de notre-être-ensemble-dans-la-durée succède un nouveau type de rapport à la nature et aux choses du passé. Dans une trentaine de textes ici rassemblés, dont certains inédits, Jean-Michel Leniaud expose ce point de vue. Aux côtés de la modernité, de l'hygiène, de la sécurité et du rendement, le patrimoine a aussi droit de cité.