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“ Nos ennemis, qu’est-ce que vous voulez, ce sont les Anglais. “ - Jacques Ferron La nuit de Jacques Ferron, paru en 1965, fait époque en mettant en scène, pour la première fois dans un roman canadien-français, en interaction avec un protagoniste francophone, un protagoniste canadien-anglais identifié comme étant né et élevé au Québec. Ce roman affiche deux autres éléments inédits dans la littérature canadienne-française : une épigraphe en langue anglaise, attribuée à un poète canadien-anglais, et des vers de poésie canadienne-anglaise, non traduits, parsemés dans le texte. De fait, Ferron, dont les premiers personnages canadiens-anglais d’envergure étaient déjà apparus dans les pièces Les grands soleils (1958) et La tête du roi (1963), multiplie dans ses écrits de tout genre des personnages (plus ou moins fictifs) et des références canadiens-anglais. Pourquoi cet auteur, qui affirme avoir écrit ses livres non pour le « monde entier » mais pour « un pays comme moi, un pays qui était mon pays, un pays inachevé qui aurait bien voulu devenir souverain, comme moi, un écrivain accompli », accorde-t-il une présence aussi importante au Canada anglais? Voilà la question à laquelle répond cet ouvrage. D’un style fluide et agréable, cette étude solide, intelligente et extrêmement stimulante, constitue un apport majeur aux études ferroniennes. L’auteur fait montre d’une grande érudition, qu’il s’agisse de l’oeuvre même de Ferron, de sa correspondance, des études consacrées à son oeuvre, à la période étudiée et plus largement sur l’ensemble des événements littéraires, historiques et socio-politiques évoqués. Si son apport principal concerne le domaine littéraire, cette étude contribue plus largement à la question de la représentation du Canada anglais, notamment dans le domaine de l’histoire. » - Andrée Mercier, professeure titulaire au Département des littératures de l’Université Laval « L’objectif de cette étude est on ne peut plus clair : il s’agit de montrer que le Québécois francophone, aujourd’hui comme hier, construit son moi identitaire collectif dans une large mesure à travers son rapport avec le Canadien anglais, du moins selon Ferron qui a fait de cette question un axe majeur de son œuvre. Il s’agit d’un ouvrage magistral qui représente une contribution majeure au domaine, présentant une synthèse des travaux antérieurs sur la question et un développement et un approfondissement de certains aspects nouveaux et inédits qui font progresser notre connaissance de l’œuvre de Ferron quant à la problématique privilégiée ici : son rapport avec l’Autre en tant que Canadien anglais, avec lequel l’écrivain entretient un rapport polémique, fait de fascination et de détestation à la fois que symbolise l’appellation de « frère ennemi » (ou l’inverse). Tout en s’adressant bien sûr à des spécialistes de l’œuvre de Ferron qui auront sans doute, pour certains, le désir d’échanger avec l’auteure et éventuellement de discuter ses analyses, Le Canada anglais de Jacques Ferron rejoindra aussi un public plus large qui s‘intéresse à l’œuvre de cet écrivain pour des raisons davantage culturelles et littéraires que proprement académiques. »