Prix public : 148,00 €
L'objet de cet ouvrage est de s'interroger sur les finalités du droit international présent et passé. Le droit international, classiquement présenté comme un droit libéral de coexistence et de coopération entre États, a été en fait depuis son origine un droit également providence. Depuis son émergence au XVIIIe siècle en Europe, il s'est imposé à l'ensemble de la société internationale (européenne puis mondiale) en ne répondant pas seulement aux intérêts des États et à leur souci de stabilité; il a aussi été considéré comme une «providence», un droit interventionniste qui allait faire accéder les peuples au bonheur et au bien-être. D'où le fait que le droit international traduit originairement un modèle eschatologique sécularisé. Comme tel, il n'a pris sa place dans les réponses qu'à partir du XVIIIe siècle quand les Européens ont cherché à donner, en lieu et place du religieux, des règles pour organiser une humanité considérée à la fois comme une et comme divisée. Or ce projet originaire tend encore à animer l'ensemble de notre monde globalisé post-guerre froide. Le droit international contemporain n'est ni un droit strictement providence, ni un droit strictement libéral, mais bel et bien un droit libéral-providence; et dans l'association de ces deux finalités se trouve l'une des clefs de sa signification et ce qui explique également en partie ses ambivalences constantes. Emmanuelle Jouannet est professeure à l'Université Paris I (École de droit de la Sorbonne). Ses publications principales sont Emer de Vattel et l’émergence doctrinale du droit international classique (Paris, Pedone, 1998) ; en co-direction avec H. Ruiz-Fabri, Droit international et impérialisme en Europe et aux États-Unis (Paris, Société de législation comparée, 2007) et en co-direction avec H. Ruiz-Fabri et J-M Sorel, Regards d’une génération sur le droit international (Paris, Pedone, 2008). Illustration de la couverture: Tableau de Madame Brigitte Stern