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Les modérés sont-ils les oubliés de l'histoire ? Vertu morale, la modération n'est guère magnifiée comme principe politique et l'historiographie fait plus volontiers la part belle aux révoltés qu'aux pacificateurs, trop souvent suspects de faiblesse ou de compromission. Depuis les guerres de religion jusqu'aux nouveaux enjeux républicains, les occasions n'ont pourtant pas manqué aux théoriciens comme aux acteurs politiques d'inventer et de mettre en oeuvre cette modération bien utile à la résolution des crises politiques et religieuses. Mais la modération relève-t-elle d'un choix délibéré et théorisé de tempérance ou de mesure, ou au contraire d'un art de se frayer un chemin pragmatique entre les extrêmes, dans un contexte marqué par de fortes oppositions ? La modération peut-elle être le choix des forts et pas seulement celui des sages ou des résignés ? À travers une vingtaine de contributions, cet ouvrage entend cerner cette notion, en traquant ce que des démarches, personnelles ou collectives, globales ou géographiquement localisées, durables ou éphémères, volontaires ou contraintes, peuvent présenter de commun. Cette mouvance, dont l'unité de pensée et d'action reste à prouver, met en débat les catégories traditionnellement utilisées de « tiers parti » ou de « troisième voie ». Peut-être les modérés sortiront-ils alors de cette zone grise dans laquelle les historiens les ont longtemps relégués.