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En 1933, le régime nazi mit en place une politique de discrimination puis de persécution des citoyens juifs du Reich, qui contraignit des milliers de personnes à la migration forcée vers diverses destinations, dont la Palestine sous mandat britannique (qui deviendra Israël en 1948). Cette migration des années 1930 est parfois appelée « cinquième aliyah » dans l'historiographie israélienne. Pour ces personnes, l'adaptation post-migratoire fut complexe : la migration représenta une rupture importante, affectant tant les liens sociaux que l'identité culturelle et les représentations genrées. Relationnelle, multidimensionnelle et intersectionnelle, l'histoire des masculinités intègre différentes formes de domination : domination des hommes sur les femmes, domination de certains hommes sur d'autres hommes, mais aussi rapports de domination sociale et raciale. Ce sont ces intersections sociales complexes, ainsi que l'influence des différentes formes de nationalisme (du nationalisme antisémite exacerbé en Allemagne jusqu'au projet sioniste) sur l'injonction à agir « en homme », qui sont au coeur de l'ouvrage. Après le nazisme et la Shoah, il est devenu difficile de penser ensemble identité juive et allemande. Par bien des aspects pourtant, les Juifs germanophones en Palestine/Israël (désignés par le terme yekkes) ont maintenu une identité distincte. L'un des défis fut de satisfaire aux exigences du programme genré du sionisme, marqué par une obsession de la régénérescence virile et un état de guerre quasi-permanent, conduisant à survaloriser les conduites martiales. Or la majorité des hommes de la « cinquième aliyah » ne correspondaient en rien à l'idéal du pionnier (halouts) ni du « Nouveau Juif » sionistes, et certains parmi les yekkes - hommes et femmes - ne pouvaient pas ne pas voir à quel point ce nationalisme viriliste exacerbé ressemblait à celui qui les avait chassés d'Europe.