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Les campagnes littorales de l'Europe médiévale et moderne sont des campagnes communes. Elles sont aussi, en de nombreux secteurs, des ruralités originales par les liens qu'elles entretiennent avec la mer. À des degrés divers, elles peuvent être des ruralités maritimes. De multiples possibilités s'offrent au paysan établi près de la côte : l'exploitation des ressources halieutiques dans les lagunes, les étiers, sur l'estran, parfois au large ; la collecte du goémon, l'extraction du sel et, ici et là, de la tourbe dans les marais du Nord ; la capture de l'énergie produite par le mouvement oscillatoire des marées. Se développe ainsi une véritable pluriactivité qui n'est pas un signe d'archaïsme mais, au contraire, le témoignage d'une réelle capacité d'adaptation aux potentialités locales et aux impulsions extérieures. Source d'opportunités, la mer reste cependant un horizon menaçant et conditionne un rapport tendu de l'homme à l'environnement. Elle contraint les populations à faire face à des dangers récurrents (tempêtes, submersions, invasions de sable, etc.). Une lutte toujours recommencée est soutenue par la communauté rurale, encadrée par le seigneur laïc ou ecclésiastique, avant que, comme en France, l'État n'impose son propre agenda domanial sur le littoral. Longtemps cantonnée aux marges d'ouvrages consacrés à l'histoire maritime, la recherche sur les campagnes littorales connaît depuis plusieurs décennies une floraison remarquable de travaux. Les études réunies dans ce volume ont pour objet d'en rendre compte.