EAN13
9782811104481
Éditeur
Karthala
Date de publication
21 janvier 2011
Collection
HOMMES ET SOCIE
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
680 g

L'Identité Jóola En Question - La Bataille Idéologique Du Mfdc Pour L'Indépendance

Paul Diédhiou

Karthala

Prix public : 32,00 €

Du lutteur, dont l’intellectuel natif du village est devenu la figure alternative comme porte-flambeau du village, Paul Diédhiou a toute la pugnacité. Ainsi s’attaque-t-il de front aux discours identitaires postulant une sorte d’identité essentielle et d’unité commune à tous les Jóola. Depuis les grandes monographies de Louis-Vincent Thomas en anthropologie et de Paul Pélissier en géographie humaine parues dans les années 1960, les sociétés jóola ont fait l’objet de multiples travaux : historiens, ethnologues, sociologues, géographes, linguistes, juristes se sont succédé sur le terrain pour en explorer tour à tour telle ou telle facette, telle ou telle microrégion. Dès les années 1970, une première génération d’intellectuels natifs de la région réfléchissait sur les institutions, les traditions orales et les rituels villageois. Le conflit casamançais qui a éclaté en 1982, en focalisant l’attention de nombreux chercheurs sur les ressorts de la rébellion et la représentation des différentes populations au sein du MFDC, a semblé renvoyer à d’autres lunes l’intérêt et l’opportunité de poursuivre des recherches ethnographiques. Par la voix des idéologues du mouvement indépendantiste se répandait une nouvelle vulgate, construite sur des héros historiques, un royaume et une onomastique. Depuis 2002, date à laquelle Paul Diédhiou a soutenu sa thèse, d’autres travaux ont enfin exploré la question de la construction historique et politique d’une « identité jóola ». Du lutteur, dont l’intellectuel natif du village est devenu la figure alternative comme porte-flambeau du village, Paul Diédhiou a toute la pugnacité. Ainsi s’attaque-t-il de front aux discours identitaires postulant une sorte d’identité essentielle et d’unité commune à tous les Jóola, en les soumettant à une double critique : il rapporte ces arguments aux trajectoires sociales de leurs auteurs, villageois diplômés et émigrés en ville, d’une part, et, de l’autre, à la manière dont les habitants définissent eux-mêmes la nature et les limites de leurs appartenances. L’originalité et la véritable pertinence de son travail sont précisément de mettre en regard les conditions historiques de l’émergence de cette entité « jóola » avec les modes locaux d’identification et de différenciation. C’est en partant des catégories endogènes, à commencer par l’interdit de crime sanglant entre co-villageois, et des modalités instituées d’interrelations entre unités villageoises (coopération rituelle vs guerre) qu’il redessine les frontières, toujours mouvantes, entre identité et altérité. Loin de jouer au héraut villageois ou de faire valoir sa position de chercheur « issu du milieu », il analyse avec une grande lucidité les fractures et les oppositions, ravivées par la guerre, entre habitants de la région.
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