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Avec le lancement d’une initiative nationale pour le développement humain, Mohammed VI a inscrit son règne dans un vaste chantier réformiste au Maroc. D’ambitieuses réformes ont été lancées, appuyées par de nouveaux dispositifs d’action publique inspirés des modèles de développement internationaux. Mais ce réformisme conservateur suscite de fortes mobilisations sociales. Sit-in, marches, pétitions, occupations de locaux, boycotts de factures d’eau, piratage des lignes électriques, organisés à l’initiative d’associations des droits de l’homme, de syndicats en perte de vitesse, d’organisations de la gauche radicale, d’associations altermondialistes mais aussi de citoyens ordinaires, expriment depuis le début des années 2000 la volonté des populations marocaines urbaines et rurales de faire entendre leur voix et de défendre des droits nouveaux. Plutôt localisées, souvent peu politisées, organisées en coordinations ou canalisées par l’associatif, ces mobilisations sont étouffées ou réprimées par les autorités, ce qui atteste l’éminence des questions soulevées et leur charge politique. Des mouvements organisés sur des mots d’ordre semblables en Tunisie ont récemment montré leur capacité de déstabilisation d’un régime réputé nettement plus stable et prospère que celui du Maroc. Ce dossier explore les rencontres conflictuelles et les accommodements entre action publique et mobilisations autour de différentes facettes de la question sociale.