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Le XXIe siècle connaîtra-t-il, parallèlement au dépérissement international et national de l’État, un « nouvel âge mondial des villes » ? On assiste en effet à une imparable accélération de la transition urbaine à l’échelle planétaire. Au début du XIXe siècle, pas une ville au monde n’atteignait un million d’habitants ; en 1960 on en comptait 105 ; en 2009 la dernière « aire urbaine » au monde à atteindre un million d’habitants figurait au 480e rang. La population de ces ensembles, dans bien des cas supérieure à celle de nombreux États de l’O.N.U., et la capacité de ceux-là à capter et exploiter les flux économiques globaux leur confèrent une puissance qui en fait désormais, à côté des États, des acteurs directs du nouvel ordre mondial. Si les avantages de la métropoli(tan)isation semblent incontestables pour la compétitivité économique et technologique, les émeutes urbaines n’ont pas cessé depuis la seconde moitié du XXe siècle de se multiplier, en réponse à une marginalisation, voire à une ghettoïsation accrue, de populations paupérisées et stigmatisées. La dualisation des territoires nationaux, entre les espaces métropolisables qui gagnent et ceux dépourvus des ressources nécessaires pour participer à la compétition des villes entrepreuneuriales, traverse de l’intérieur les grands ensembles urbains : les nouvelles élites urbaines perçoivent souvent les problèmes des populations des « banlieues » comme des handicaps en termes de charges et d’images à l’ascension de leur cité. Les errements des « politiques de la ville » étudiées ici plus particulièrement au Maghreb, en France et aux U.S.A., témoignent des difficultés à déterminer une réponse efficace entre les États et les villes elles-mêmes, et de la tendance à définir des programmes presque toujours sous le coup des événements, en faisant pour l’essentiel des politiques de l’émotion. La situation des quartiers sensibles nous interroge sur la crise du temps postcolonial, sur le travail postnational des sociétés et sur les conséquences d’une régulation postdémocratique de fait collatéralement associée aux nouvelles méthodes de l’action publique. Mettant en regard les politiques de métropoli(tan)isation et leurs impacts, d’un côté, et les « politiques [sociales] de la ville », de l’autre, La nouvelle scène urbaine réunit des éléments de réflexion sur les transformations des grands ensembles politiques actuels – États en évolutions et mégapoles en devenir – et sur leur capacité, voire sur leur volonté, de régler les problèmes de ségrégation socioéconomique de populations qui, au Maghreb, en Europe, aux U.S.A. et ailleurs, se chiffrent par millions. Directeur de recherche honoraire au CNRS en sociologie politique, ancien directeur du Centre d’études et de recherches sur l’urbanisation du Monde arabe (URBAMA, Tours) puis de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Tunis), Pierre Robert Baduel s’est durablement intéressé aux rapports entre Pouvoirs, Espaces et Sociétés au Maghreb, dans la suite d’États, Territoires et Terroirs au Maghreb et d’Habitat, État et Société au Maghreb (dir., Éd. du CNRS, 1985, 1988). Chez Karthala, il a publié récemment Les cartes de la connaissance (co-dir., 2004) et Chantiers et défis de la recherche sur le Maghreb contemporain (dir., 2009). Avec les contributions de : Abdelghani Abouhani (I.N.A.U., Rabat), Morched Chabbi (UrbaConsult, Tunis), Abderrahim Hafiane (A.U.A., Annaba), Jacques Donzelot (université de Paris X Nanterre) et Jacques de Maillard (université de Rouen).