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Le 5 janvier 1861, trois prêtres quittent Toulon pour se rendre au Dahomey : un Italien, un Espagnol et un Français. Ils appartiennent à la Société des Missions Africaines (SMA), récemment fondée à Lyon, qui a reçu, cinq mois plus tôt, la charge d’évangéliser ce territoire. Ils savent qu’à leur arrivée, ils seront hébergés par le gérant de la factorerie française, bien implantée à Ouidah, qui jouit de la confiance du roi. On leur a dit aussi que le roi était d’accord pour qu’ils ouvrent une école, et qu’il y enverrait des élèves. Les choses ne vont pas se dérouler exactement comme prévu. L’un d’entre eux meurt pendant l’escale qu’ils font à Freetown (Sierra Leone). À Ouidah, ils apprennent que le roi ne leur permet de s’adresser qu’aux « Blancs », c’est-à-dire aux quelques familles de descendants d’anciens esclaves, plus ou moins métis, ramenés du Brésil depuis les années 1830. L’apostolat auprès des autochtones, de religion traditionnelle, leur est donc interdit. Mais il ne leur est pas interdit de soigner tous ceux qui se présentent… même les « non-Blancs ». Quand leur renommée se sera un peu répandue, le roi lui-même leur enverra, d’Abomey, des « parents » à traiter... Les Pères s’engagent aussi dans le domaine de l’école, qui atteint vite les 50 inscrits. Parmi ceux-ci, ils en choisissent une douzaine, qui va partager leur vie, à l’intérieur du fort, et auxquels ils vont assurer une éducation plus complète. Les missionnaires vont tenir leur supérieur de Lyon au courant de leurs découvertes, ainsi que de leurs faits et gestes, de leurs besoins et de leurs difficultés, grâce à des lettres qu’ils envoient, chaque mois, pour profiter du passage du bateau postal. Ces lettres sont conservées aux archives de la Société des Missions Africaines, à Rome. De temps à autre, le Père Borghero, responsable du Vicariat, écrit au cardinal Préfet de la Propagande, à Rome. Ces lettres sont conservées aux archives de la Propagande à Rome. C’est la première fois que ces lettres sont publiées presque intégralement, avec autant de notes de bas de page explicitant de nombreuses connaissances ou allusions qui échapperaient aux non-spécialistes. Mine précieuse d’informations sur le Dahomey de cette époque, elles constituent aussi un témoignage sur les débuts d’une Église qui allait bientôt adopter l’Évangile et produire la vivante communauté chrétienne qu’on observe de nos jours. Renzo Mandirola est coordinateur des recherches sur l’histoire et la spiritualité SMA à Rome. Pierre Trichet est archiviste général SMA, à Rome.