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Au Mali, les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont suscité un vif engouement. Portés par l’ancien Président Alpha Oumar Konaré, de nombreux projets gouvernementaux ont vu le jour. Parallèlement, les cybercafés se sont multipliés : moins de dix en 1997, ils étaient presque plus de 120 en 2006. Si les possibilités de se connecter à domicile et sur son lieu de travail se sont développées, les cybercafés restent des espaces idéaux pour découvrir les pratiques numériques. Une façon d’étudier les usages de l’Internet est de s’intéresser aux liens qui se nouent autour de l’ordinateur. La situation est complexe à Bamako, car les personnes qui accompagnent les clients des cybercafés sont nombreuses. L’analyse de cette nébuleuse relationnelle est l’occasion de procéder à un double détour. Géographique d’abord, dans la mesure où l’anthropologue est conduit à quitter le cybercafé pour se rendre dans l’espace social plus vaste appelé le Cyber. Disciplinaire ensuite, puisque son regard se déplace progressivement du média vers l’étude des règles qui régissent la parenté et les classes d’âge. Pour le lecteur, cette balade dans les cybercafés bamakois est heuristiquement féconde, car elle le conduit à croiser différents courants de l’anthropologie. En effet, si l’étude de l’Internet fait appel à une conception moderne de la discipline, l’observation des liens de parenté s’inscrit dans une perspective plus classique. Ces deux courants véhiculent des représentations du territoire et de la culture parfois antithétiques. Or, leur rencontre s’avère indispensable pour décrypter les jeux des acteurs du Cyber et les enjeux dont les cybercafés font l’objet au Mali. Politologue de formation, Béatrice Steiner a soutenu sa thèse de doctorat en 2009 à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève. Ses principaux domaines de recherche sont la diffusion des TIC en Afrique de l’Ouest et la mise en œuvre des politiques sociales en Suisse. Chargée de cours et de recherche à l’Université de Lausanne, elle mène actuellement une étude sur les fins de carrière professionnelle.