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Les Wolof et le Sénégal apparaissent dans la littérature dès le XVe siècle, avec les récits des premiers voyageurs portugais sur la côte occidentale de l’Afrique. Les écrits qui les concernent se multiplient à l’ère des comptoirs commerciaux français et anglais. Et, aujourd’hui, nous disposons sur eux de bon nombre d’études scientifiques d’histoire, de géographie humaine, de linguistique, de sociologie. Cependant, ces études s’attachent surtout à explorer un domaine particulier comme celui des castes ou des confréries religieuses. L’ouvrage d’Abdoulaye- Bara Diop propose, lui, une première analyse d’ensemble de cette société, basée essentiellement sur des observations directes et des entretiens avec les Wolof. Dans la société wolof traditionnelle, deux systèmes de stratification se superposent et hiérarchisent deux types de catégories sociales : les castes et les ordres. Le système des castes repose d’abord sur la division du travail et des fonctions ; il se caractérise par des rapports d’interdépendance. Les ordres se définissent par rapport au pouvoir politique et entretiennent des rapports de domination et d’exploitation. Avec l’apparition d’un pouvoir centralisé et coercitif, la division fondamentale de la société entre hommes libres et esclaves se transforme en une opposition entre chefs et sujets, la condition des esclaves se définissant alors en fonction du statut politique de leurs maîtres. Ce système des ordres ne survivra pas à la destruction de la monarchie provoquée par la conquête coloniale. Le système des confréries religieuses prendra la relève et donnera naissance à une hiérarchie fondée sur des facteurs idéologiques (la science et la sainteté). L’Islam wolof, ses confréries et ses marabouts – mourides notamment – étonnent aujourd’hui par leur puissance et leur dynamisme. A.-B. Diop montre cependant qu’ils ne constituent qu’un système partiel, une instance intermédiaire entre le pouvoir politique et les masses dont l’avenir est loin d’être fixé.