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Dès les premiers jours de l’indépendance de l’Algérie, un groupe d’ingénieurs : de jeunes Algériens qui se comptaient sur les doigts d’une main, des Pieds-Noirs qui avaient choisi de rester dans le pays qui les a vus naître, les uns et les autres, sortis meurtris « d’une guerre sans nom », des Français métropolitains indépendantistes ou de jeunes volontaires mobilisés pour la construction du jeune État-nation, vont faire démarrer les centrales électriques, gérer et maintenir les aéroports, les routes, les barrages et les quelques entreprises stratégiques. Nécessaires hier au développement du capitalisme colonial, elles devaient désormais fonctionner pour le bien du plus grand nombre. Solidaires et engagés, ils participèrent à l’aventure de la construction de l’économie d’un pays exsangue où tout était à faire. Ils ont donné, mais aussi beaucoup appris, innové et réussi. Parfois découragés, ils ont remis l’ouvrage sur le métier. Les témoignages de leurs expériences livrés ici, sur un moment qui fut une vraie « école de vie et de formation humaine » et marqua le destin de chacun, apparaissent comme autant de leçons d’une autre manière de concevoir les relations entre la France et l’Algérie, de concevoir « la coopération », de penser le « transfert de technologie » et de les refonder aujourd’hui. L’échec ultérieur du « modèle industrialiste algérien », dont rendent compte ici quelques points de vue distanciés, relativise sans doute ces expériences, mais ne peut-on pas penser a contrario que cet échec est né justement de l’absence d’accompagnement et d’approfondissement d’une telle expérience dans un contexte qui s’est considérablement transformé entretemps. Sans vouloir apporter une réponse à ce questionnement, en mettant au jour une mémoire jusque-là occultée, le présent ouvrage éclaire et remet au centre d’un débat toujours actuel, les conditions qui pourraient prévaloir dans le développement industriel et technologique dont l’Algérie a plus que jamais besoin.