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Cette recherche questionne les recompositions spatiales, sociales et politiques qui animent l’Éthiopie contemporaine à travers l’étude d’une petite ville sacrée, patrimoniale et touristique : Lalibela. Les églises de cette ville sont inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco, contribuant ainsi à l’amarrer à l’espace mondial. Dans cet ouvrage, l’espace est analysé dans le cadre particulier du resettlement, c’est-à-dire au coeur d’un temps particulier, celui de l’éviction des habitants installés autour de ces églises et de leur réinstallation en périphérie de la ville. L’analyse de la légitimation et de la mise en oeuvre du resettlement met en évidence le poids de la puissance publique et celui de différents acteurs internationaux dans la réorganisation de l’espace local. En insistant sur d’autres espaces et d’autres temps particuliers de célébrations religieuses, de fêtes culturelles ou de consultations publiques, il apparaît que Lalibela est une cité où les acteurs internationaux et les Éthiopiens particulièrement liés à l’espace mondialisé impulsent une ouverture au monde. Parallèlement, l’internationalisation de Lalibela se construit localement. Elle s’établit dans des paysages et de nouvelles formes spatiales élaborées avec le souci de renforcer l’attractivité touristique. C’est dans ce cadre que certains citadins créent un nouveau rapport au monde et tirent profit de la possibilité d’interaction avec l’étranger offerte par l’activité touristique. Parallèlement à cette évolution, l’espace politique éthiopien se maintient et reste prégnant dans les dynamiques locales. Cet ouvrage montre plus généralement qu’à Lalibela les recompositions spatiales, sociales et politiques correspondent à une relation triangulaire entre l’espace social local, les pratiques de l’État éthiopien et de l’Église, et les logiques des acteurs mondialisés. Marie Bridonneau est géographe, maître de conférences à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense. Elle est membre de l’UMR Lavue-laboratoire Mosaïques.