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La République du Guatemala, connue comme le pays de l’éternel printemps, est aussi celui de la violence et du risque permanent de catastrophes naturelles. Les aléas climatiques y rythment l’histoire depuis toujours. Olivia, Greta, Franck, Dean, Felix, Agatha, Mitch, Stan… la sempiternelle danse des noms des tempêtes tropicales et la récurrence des désastres occasionnés témoignent du caractère dual de ces événements : à la fois banals et éléments de fracture de l’ordre social. À l’image de Sisyphe, les saisons de pluie violente mais aussi les sécheresses soumettent périodiquement le pays à l’épreuve de sa reconstruction. Elles affectent les ressources économiques de base et mettent au jour la fragilité d’une économie paysanne soumise aux variations climatiques. Mais la « nature » est-elle la seule responsable de ces désastres ? Les catastrophes qu’on appelle « naturelles » ne le sont pas : elles procèdent d’une interaction entre (dés-)organisation de la société et choc environnemental soudain. À partir d’une démarche propre à la political ecology, Julie Hermesse invite à déconstruire la catastrophe produite dans l’Altiplano Mam par l’ouragan Stan pour l’analyser comme un processus situé à l’interface de la société et de l’environnement. Les conséquences de Stan sont révélatrices de la transformation des rapports à leur environnement sur le plan des pratiques, mais aussi, ajoutent les informateurs locaux, sur le plan spirituel. Si Stan et son désastre répondent à certains principes mécaniques visibles, ils seraient aussi la manifestation de principes invisibles. Mobilisant une approche ethnographique sensible, l’auteur décrit un environnement considéré par ses habitants comme insécurisant, car fragilisé par des pratiques anthropiques mais aussi par l’oubli de rituels coutumiers. Derrière la réalité de l’événement Stan, se dévoile le symbolisme de la conservation et de la transformation d’un patrimoine socio-écologique. Julie Hermesse, docteure en anthropologie de l’Université de Louvain, est chargée de recherches au FRS-FNRS et membre du Laboratoire d’anthropologie prospective (LAAP). Ses recherches au Guatemala, à Cuba, aux Philippines et en Belgique traitent de la résilience des systèmes agraires face aux changements climatiques et socio-culturels. Sa thèse de doctorat a été nominée au Doctoral Thesis Award for Future Generations en 2013.