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En apparence, rien ne destinait Éric de Rosny (1930-2012) à cette vie d’exploration passionnée « aux frontières », si ce n’est cette insatiable curiosité associée à l’impératif absolu d’amour et de respect de l’Autre. Né au sein d’une famille de vieille noblesse française, il intègre dès ses 19 ans la Compagnie de Jésus. Celle-ci l’enverra en Afrique, essentiellement au Cameroun, où il exercera plusieurs responsabilités. Dès son arrivée à Douala, en 1957, le jeune enseignant est vite intrigué. Ses élèves font fréquemment allusion à la « sorcellerie ». En visiteur, curieux mais respectueux, il rencontre, lie amitié, assiste à des cérémonies. Il s’initie à la langue, observe, questionne. Sur les pas de Din, un nganga (guérisseur) qui lui « ouvre les yeux », il est initié aux mystères du monde invisible et aux rites de guérison traditionnels. Il est intégré à la société des vieux « sages patriarches » de Douala, les Beyum ba bato. Plus tard, sa recherche s’étendra au phénomène d’émergence de nouveaux mouvements religieux, ainsi qu’à la sensibilisation des tribunaux pour une nouvelle approche de la sorcellerie. Par le récit de cette initiation et la description vivante de la vie quotidienne doualaise, Éric de Rosny s’engage dans une nouvelle échappée, au sein du monde scientifique. En 1981, il connaît un grand succès par la publication du livre Les yeux de ma chèvre : sur les pas des maîtres de la nuit (Terres humaines). Près d’une dizaine d’autres livres et une centaine de contributions suivront. Son regard sur la société de Douala révèle la richesse culturelle de ce peuple : chacun, pour vivre et survivre, est confronté aux contraintes du monde moderne appréhendées avec la perception traditionnelle des forces occultes. Le présent ouvrage réunit les contributions de chercheurs d’horizons divers, camerounais, français, italiens, néerlandais, suisses, ayant pour la plupart collaboré de près avec Éric de Rosny. Ils éclairent la richesse et la singularité de ses analyses. Ils montrent aussi comment ce chercheur toujours en éveil a été pour eux une source d’inspiration, par les informations fournies et, plus encore, par sa méthode de recherche et la qualité de son regard. Ainsi se donne à découvrir un sage humaniste habité par la passion de la rencontre. Gilles Séraphin est sociologue et directeur de l’Observatoire national de l’enfance en danger (ONED, France). Il est également fondateur et rédacteur en chef de la revue scientifique Recherches Familiales. Ont également contribué à cet ouvrage : Jean-François Bayart, Roberto Beneduce, Andrea Ceriana Mayneri, Yvan Droz, Sandra Fancello, Jacques Fédry, Peter Geschiere, Alain Henry, Emmanuel Kamdem, Matthieu Lavoyer, Berthe Lolo, André Mary, Edmond Mballa Elanga, Patrice Mbaya, MarieThérèse Mengue, Jean-Daniel Morerod, Fadimatou Mounsade Kpoundia, Henri Rodrigue Njengoué Ngamaleu, Thomas Théophile Nug Bissohong, AnneNelly Perret-Clermont, Henri Tedongmo Teko.