Prix public : 26,00 €
La Perse apparaît comme le miroir du raffinement français mais également comme la négation de son art des pourparlers. À l'évidence, la France parlemente autrement. Comment l'expliquer ? En premier lieu, la Perse est marquée par le souvenir des invasions. Alors que les modes de négociation aristocratiques perdurent dans la France médiévale, les élites persanes, discréditées par les conquêtes, mettent au point des procédés sophistiqués afin d'assurer leur propre survie politique : l'inertie s'impose comme la force des dominés. Dans la vie quotidienne, les courtiers supplantent les hommes de loi. Les élites vaincues et hantées par les complots mettent à l'honneur des discours ambigus. D'autre part, les résonances frappantes entre la Perse et la France classique se sont estompées avec la modernité. Qu'il s'agisse du poids du clergé, du regard sur l'histoire, de la fascination pour la conversation, du goût pour le travestissement où de la révérence pour la politesse, les révolutions politiques et industrielles du XIXe siècle sont à la racine d'un éloignement et finalement d'une incompréhension. La Perse n'aura cessé d'attendre la visite du visiteur capable de conjurer le spectre de la violence par l'usage de la civilité.