Prix public : 35,00 €
Résumé : Peu enclins à la scolarisation, aptes à voler ou à demander l’aumône, susceptibles de mendier, de travailler, de se marier et d’avoir des enfants dès leur plus jeune âge : voici quelques-unes des représentations des enfants roms. Elles cristallisent tout ce qui est le plus éloigné des idéaux de l’enfant contemporain (écolier, dépendant de sa famille durant de longues années et trop jeune pour travailler, se marier et avoir des enfants). Loin de recevoir une interprétation univoque, ces situations (réelles, fantasmées ou érigés à la norme), ainsi que les discours et les pratiques à l’égard des enfants roms doivent être compris à l’aide de clés de lecture que l’on retrouve dans ce livre. La question rom européenne est interrogée à partir de deux aspects distincts mais indissociables et complémentaires : la façon dont les enfants sont considérés dans l’espace public comme « hors-de-l’enfance » - à savoir éloignés des idéaux moraux censés caractériser cette période de la vie dans un contexte donné - et la manière dont les acteurs impliqués en font l’expérience. La vie intime des enfants prend sens suivant les acteurs qui agissent autour d’eux et pour eux (leurs familles, mais aussi des militants, des professionnels de l’enfance et du travail social, des élus et d’autres acteurs étatiques) et à la lumière de l’histoire longue des politiques publiques locales, nationales et européennes. Les politiques publiques envers les Roms sont caractérisées par une double dynamique à la fois d’assimilation et d’exclusion du corps de la nation : les marges spatiales, morales et politiques où les Roms sont relégués servent à exclure pour protéger l’Europe de ses composantes indésirables, mais aussi à éduquer, c’est-à-dire à redresser ces individus pour les transformer en citoyens « civilisés ». L’ouvrage interroge les mécanismes d’exclusion et de protection de certaines catégories d’enfants « hors-de-l’enfance » et de ré-éducation des parents « défaillants » au-delà du cas de la minorité rom. Auteur(s) : Alice Sophie Sarcinelli, docteure en anthropologie sociale et ethnologie (École des Hautes Études en Sciences Sociales) et lauréate du Prix Solennel de la Chancellerie de Paris 2015, est chargée de recherches F.R.S.-FNRS au Laboratoire d’Anthropologie Sociale et Culturelle de l’Institut de Recherche en Sciences Sociales de l’Université de Liège (Belgique). Ses travaux articulent la dimension politique de la vie quotidienne des enfants avec la politisation des enfants. Elle a mené des recherches sur enfance en marges au Brésil et dans divers contextes européens.