Prix public : 35,00 €
Résumé : Ce numéro de la revue Éducation, Santé, Sociétés réunit des contributions originales, rétrospectives comme prospectives traitant la question de la mort. Comment aborder le mourir pour en tirer des conséquences en matière éducative ? S’il ne s’agit pas d’exploiter la pandémie comme arrière fond ou tremplin réflexif, la passer sous silence en 2022 serait osé. Des journaux intimistes ont narré le vécu de philosophes, psychanalystes, médecins placés au cœur de la crise (Fleury, 2020, Sanselme-Cardenas, 2020, Smirdec, 2021). Ces récits réclament le refroidissement réflexif par-delà la sidération contée, car on n’éduque pas en temps de crise. La mort, comme le dit l’un des médecins, produit, en temps de pandémie, l’intrusion du réel dans nos vies : ce serait trop facile d’y résumer ce que la mort recouvre comme problématique humaine. La mort n’est pas le traumatisme (Brillon, 2012) et le/la Covid a introduit une scénographie morbide insupportable, insurmontable (Tessier, 2020). Ces journaux de bord ont permis de tenir la route ; littéraires, clos sur eux-mêmes et sur 50-55 jours de drame vécu, ils ont servi à occuper le temps. Face à l’irruption de la mort, la réaction littéraire produit le symptôme d’un dérèglement : il y avait urgence à mettre sa vie en mots (Courtin, 2020) pour répondre à la commande médiatique (Fleury, 2020), engendrant un feuilleton auprès d’un public pré-captivé. Chacun a levé son voile associant cri et crise (Smirdec, 2020) donnant voix au care (Giovanonni, 2013). A l’inverse, d’ordinaire, la mort semble très peu mise en scène (Drolet et al., 2018) ; elle est tue. Aborder la problématique de la mort via la pandémie serait trompeur. Le mourir n’est pas né en pandémie. La sidération collective rappelle en creux que l’humanité aborde peu aisément le faire face ou front à la mort (Aubry, 2021). Faire face, en temps ordinaire, et _faire front_ en temps de pandémie ? La double option envisage l’ordinaire du mourir comme relevant alternativement de ces deux questions : devons-nous faire la guerre à la mort en temps de paix, ou, est-ce possible d’aborder paisiblement la mort ? Nous préférons, pour entrer dans ce numéro inciter le lecteur à la seconde alternative. La mort n’est ni une crise, ni une fin de vie, ni un deuil, ni une fatalité empêchant sa réflexion. Avertissons le lecteur qu