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Résumé : « Il existe une sorte d’étymologie privée liée aux langues qu’un enfant a précocement connues. En écrivant l’histoire d’une jeunesse, il me faudrait examiner sérieusement les noms et les mots en tant que _tels_ » écrivit Canetti en 1973, prix Nobel de littérature pour une œuvre entièrement écrite en allemand. Cette langue était pourtant sa cinquième, apprise à partir de ses huit ans après le judéo-espagnol, le bulgare, l’anglais et le français. D’une enfance pensée et écrite entre les langues résulte cette évidence : l’attention qui doit être portée aux mots est démultipliée par le nombre de langues parlées - autant de systèmes intimes et politiques où ils s’organisent. Les contributions rassemblées dans ce volume proposent de penser la multiplicité des langues, leur entremêlement, changement, ou influence sur la ou les langues d’écriture. De l’hétérolinguisme au translinguisme, écrivains et chercheurs envisagent et retracent des itinéraires langagiers placés sous le signe de découvertes, d’apprentissages familiaux et scolaires, d’abandons ou de (re)conquêtes d’idiomes imposés ou choisis. Les figurations littéraires de l’enfance chez des auteurs déjà envisagés, ou non, par les études plurilingues (V. Nabokov, F. Laroui, M. Madjidi, F. Cavanna, E. Carrère, S. Varatharajah, S. Cisneros, D. Tammet…) sont explorées au même titre que celles d’auteurs de littérature de jeunesse (T. Ungerer, Y. Fastier, B. Atxaga…). Enfin nous sont données à lire des paroles d’écrivains plurilingues contemporains : Adolphe Nysenholc, Emilio Sciarrino, Alfons Cervera et Denis Lachaud. Le retour à l’enfance dans la multiplicité de ses langues vécues corporellement, entendues, parlées, mises en littérature, permet de comprendre le paradigme post-monolingue de l’« au-delà de la langue maternelle » défini par Yildiz en 2012.