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Au-delà des traumatismes de l'existence - chocs, paroles blessantes, violences - l'adolescence est en soi traumatique : la mésalliance entre corps et langage s'y révèle avec force. Freud, dans son texte intitulé Pour introduire la discussion sur le suicide, paru en 1910, s'est demandé quels appuis offrir à chaque adolescent pour que son désir puisse s'affirmer. Au moment de s'arracher à sa famille et d'envisager son avenir, l'adolescent est pris dans un conflit entre idéaux, recherche d'amour, volonté de jouissance, passages à l'acte. Il découvre sa fragilité. Aussi cherche-t-il abri dans des identifications réciproques avec ses pairs, au détriment d'un processus de subjectivation. C'est un symptôme du lien social, mais c'est à prendre surtout comme signe d'un appel de l'adolescent en souffrance. Pour trouver l'envie de vivre, pour faire un pari sur l'avenir, il lui est précieux de découvrir les coordonnées de son désir. La mise en fonction de l'inconscient dans l'expérience analytique favorise la rencontre du réel et du langage. Vouloir établir des données objectives sur l'adolescence, en tirer un savoir normatif qui servirait de guide, c'est une tendance malheureuse qui fait l'impasse des émotions, des sentiments, des passions et de la singularité de l'être. Avec la psychanalyse, l'adolescence peut devenir une période pleine de promesses cueillies au coeur même du désespoir et des impasses.