Prix public : 19,00 €
Le prix Nobel de littérature (2002) a rendu son oeuvre accessible à un public nombreux, français notamment. Imre Kertész est donc célèbre. Son oeuvre n'est pourtant pas si lue qu'on le voudrait. Et voilà qu'elle est mise à l'écart, dans son pays. Cet auteur inclassable produit, avec sa logique ironique si sensible dans Dossier K., une oeuvre classique et subversive. Avec une habileté consommée, Imre Kertész force en nous un passage pour loger le Réel d'Auschwitz, car Auschwitz dit-il, appartient à ce que nous appelons "la culture". Déporté peu après son père, seul il en est revenu. Ecrivain de sa propre expérience, comme telle indicible, il s'est voué à démontrer que rien ni personne ne cesserait plus d'en revenir. Plus le nom d'Auschwitz s'efface, plus il revient. Tel un revenant, il nous hante et marque chacun de nous un par un. Kertész incarne le destin humain marqué par le nazisme, puis par le communisme. La liberté de son écriture, il l'a conquise dans la marge de sa solitude et de sa vie amoureuse. Il a capturé celles-ci dans une forme et un ton, et il explique comment son écriture les a "libérées" en retour. L'homme Kertész n'est pas celui des Mots de Sartre "qui les vaut tous et vaut n'importe qui". C'est celui qui a mis au point un art capable de contenir le trauma dans un extraordinaire emboîtement de romans et de journaux qui se font écho. C'est pourquoi huit "auteurs" ont voulu chacun faire entendre comment cette oeuvre diffractée contribue à éclairer notre époque, ses impasses et son ferment. Ils l'ont fait dans une marge, aussi : celle de leur expérience de la psychanalyse. Huit auteurs, plus une, qui, de la littérature qui est son domaine, accueille ces travaux, et leur ouvre un nouveau champ à défricher.