Prix public : 22,00 €
Aborder l'antisémitisme non de façon politique mais épistémique, en tant que maniement concerté des images et des passions implique une neutralité difficile à maintenir, chacun de nous étant partie prenante des combats d'idées qui font rage dans le moment actuel. Dans cet ouvrage l'antisémitisme est saisi comme discours envisagé à partir de l'objet qu'il construit, comme un universel, à savoir « Le juif ». L'auteur montre, par une lecture serrée de Moïse et le monothéisme qu'il est impossible de cerner l'antisémitisme sans la mise en question de ce soi-disant « être Juif » qu'opère Freud. Loin de ce prétendu universel, l'auteur dégage ce que fut pour lui, l'inventeur de la psychanalyse, sa judaïcité. Ce faisant, il éclaire l'un des aspects fondamentaux du judaïsme, peu déployé avant lui. L'étude des textes de références de Lacan, permet de poser quatre propositions fondamentales : une nouvelle lecture critique du Moïse de Freud, une approche de la haine affect que Lacan élève à la dignité d'une passion, la relation entre antisémitisme et ségrégation qui précise le rapport entre antisémitisme et racisme et qui fait apparaitre le lien entre le juif et l'Autre par excellence c'est à dire le féminin. Enfin la place de l'objet dans l'antisémitisme qui met en valeur l'importance de la circoncision et donc de la marque sur le corps. Cette marque prend des valeurs distinctes, castration, sacrifice, ou déchet et permet d'éclairer des modalités différentes d'antisémitisme. Freud aborde donc le Juif à partir du sujet, et Lacan à partir de l'objet. La fin de l'ouvrage, très innovante, étudie les signifiants du discours antisémite actuel, accueillant les voix de trois intellectuels de notre temps, juifs. L'auteur aura ainsi évité une psychanalyse sauvage de l'antisémitisme et permis une avancée du savoir analytique susceptible d'être généralisée à d'autres formes de ségrégation et de racisme. Marie-Hélène Brousse