Prix public : 16,00 €
Olivier Cadiot a rencontré un jour William Burroughs. Burroughs s’est approché de lui et lui a mis la main sur l’épaule. Young man, lui a-t-il dit – il attendait la suite avec impatience – mais le brouhaha autour d’eux et son accent si particulier ont fait disparaître les phrases qui suivirent dans un tunnel noir. Olivier Cadiot n’a rien compris. Plus tard, il lui est arrivé de se dire que sa vie aurait peut-être été modifiée ; il aurait pu suivre les précieux conseils d’un maître. Cette anecdote est l’un des points de départ de Providence… On y verra, en quatre récits, des personnages en conflit avec leurs modèles. Dans « Quel lac aimons-nous » une créature de papier abandonnée se retourne violemment contre son auteur. Est-ce qu’on peut se passer de narrateur ? Avec « Comment expliquer la peinture à un lièvre mort », un jeune homme, dans le début des années 1980, comprend que l’art moderne est terminé mais qu’il n’a d’autre issue que de partir à contre-sens de l’histoire. L’héroïne d’« Illusions perdues » vit sa vie en accéléré, grimpe à la capitale, et découvre que son artiste idéal est littéralement devenu une pièce de musée. Avec « Providence », on voit un vieil homme perdre le sens commun et faire une conférence pour prouver qu’il n’est pas fou. Quatre autobiographies. Quatre vies qui se font écho. On y croise des vieilles dames remarquables, John Cage en Allemagne du nord, des jumelles collectionneuses tyranniques, un spécialiste en ricochet, un amateur de quadriphonie installé au bord d’un lac, des gardes-chasse trop zélés et des spécialistes en bonheur. Et comme on le comprend, on y retrouve l’esprit si peu conformiste d’Olivier Cadiot, sa formidable et concrète inventivité, mais cette fois exprimés à travers une écriture plus classique, en apparence, calmée dirait-on. Une écriture moins en recherche d’équilibre par le mouvement, comme elle était dans les livres précédents. Sans doute parce que l’auteur s’interroge sur son parcours, interroge l’art et la littérature, à travers des histoires, des monologues qui, mine de rien, réinterprètent une vie tout entière.