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La comparaison des deux mondialisations libérales, la britannique avant 1914 et l’américaine depuis 1945, peut aider à comprendre comment la seconde pourrait éviter de trouver une issue comparable à celle de la première : la Grande Guerre de 1914, matrice des catastrophes du xxe siècle. Derrière les deux mondialisations il y a toujours la question de l’« hegemon » : hier entre l’Empire britannique et l’Empire allemand, aujourd’hui entre les Etats-Unis et la Chine. Deux guerres mondiales imputées bien à tort aux nations européennes elles-mêmes ont servi à justifier, depuis soixante-dix ans, leur mise en tutelle dans le cadre d’une construction européenne à la fois technocratique et inféodée. Afin de ne pas être marginalisée dans la nouvelle bipolarité du monde, l’Europe doit aujourd’hui retrouver confiance dans ses nations pour renouer avec la démocratie et redevenir ainsi actrice de son destin. Rien n’est plus actuel que le projet gaullien d’une « Europe européenne » qui, à partir d’un dialogue rééquilibré entre la France et l’Allemagne, permettrait de créer un acteur géopolitique allant de la Méditerranée à la Russie. Cette « Grande Europe » éviterait le tête-à-tête mortifère résultant de la nouvelle bipolarité du monde au xxie siècle. Jean-Pierre Chevènement a été l’un des artisans décisifs du Congrès d’Épinay (1971) qui a conduit, dix ans après, le parti socialiste au pouvoir. Plusieurs fois ministre de 1981 à 2000 (Recherche-Industrie, Éducation, Défense, Intérieur), il défend depuis longtemps l’idée d’une « autre politique ». Il est entre autres l’auteur chez Fayard de Défis républicains (2004) et de La France est-elle finie ? (2011).