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Chaque province est peuplée de saints et de géants, de fées et de monstres, de revenants et de sorciers, de diables et de demi-dieux dont les aventures, tour à tour plaisantes ou terribles, ont captivé nos aïeux durant de longues veillées. Ces contes que l’on ne conte plus, ces légendes disparaissent, et avec eux s’évanouit, comme un parfum de vieille France : le langage savoureux et charmeur de nos ancêtres.Ces traditions ont fait leur tour de France avec les pèlerins, les troubadours ou les trouvères, les compagnons, les marcelots. Sous le ciel d’azur du Val de Loire, dans une atmosphère lumineuse, ils ont pénétré avec le fleuve gaulois au coeur même de notre pays. La légende a cheminé en chalands à voiles carrées avec les vieux mariniers, pèlerins de gaieté rabelaisienne et de bons mots. Elle accompagnait la longue mer d’eau douce fuyant vers l’Ouest où sombre le soleil.Notre Loire, cette déesse bien française, n’est-elle pas elle-même mystérieuse et incomprise, tantôt nonchalante et oisive, tantôt furieuse avec des colères soudainement apaisées? Tous les pays labourés par le géant de Loire sont à la fois passage entre le Nord et le Midi, liaison entre la langue d’oc et la langue d’oïl.E t ces contes s’évanouissent pourtant. Ils ont autrefois bercé la misère humaine, notre coeur endolori, dissipé notre chagrin, hanté notre esprit toujours prêt à s’évader du réel à la recherche d’émotions nouvelles. Ils ont réconforté l’âme des pauvres gens. Pétillants de verve et de gaieté, ils ont consolé les plus désabusés, fait renaître l’espérance au coeur de ceux qui n’espéraient plus. Charmants et vénérables, ils furent l’âme de nos pays de Loire comme de tant d’autres provinces. Nous vous les offrons dans ce recueil comme un précieux héritage, consolation aux heures d’ennui, retour sur un passé attirant quand la pluie glisse silencieuse et triste sur la pente grise et mélancolique de l’ardoise ligérienne... (extrait de la Préface).