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« Quand une langue commune s’introduit, à titre de langue officielle, dans un domaine où régnent les parlers locaux, comme il est arrivé au XVIe Siècle, en Provence, pour le français, l’événement ouvre une crise, inaugure une ère nouvelle, faite d’actions et de réactions, de conflits, dont les aspects et les conséquences peuvent être multiples et variés. En Provence, comme dans tout le Midi, les documents d’archives nous montrent :qu’en beaucoup de lieux, l’invasion du français détermina, dans la conscience des indigènes, une sorte de perturbation linguistique. C’est une période d’anarchie telle, qu’il est souvent impossible de discerner quelle est celle des deux langues que le rédacteur prétendait écrire. Pour ce qui est de la langue parlée, ce désordre dure aussi longtemps que subsistent des milieux inadaptés. L’on entend encore aujourd’hui, dans les villages lointains, des paysans qui s’expriment comme les scribes du XVIe siècle... [...] Or, si on a étudié méthodiquement le français commun, les dialectes, les argots, on a négligé jusqu’à présent le français régional, sans doute pour la raison que les grammairiens nous ont habitués à n’y voir que des formations aberrantes, des incorrections, des locutions vicieuses, fruits de l’ignorance.... (extrait des Préliminaires de l’édition originale de 1931).Auguste Brun (1881-1961), né à Pau, agrégé de grammaire, docteur ès-lettres et professeur à la Faculté d’Aix. On lui doit divers ouvrages de linguistique historique : Recherches sur l’Introduction du français dans les provinces du Midi ; L’Introduction du français en Béarn et en Roussillon ; La langue française en Provence, de Louis XIV au Félibrige ; France dialectale et Unité française. Parlers régionaux.