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La chambre à gaz n'est pas seulement le lieu de la destruction des êtres " indignes de vivre " : Juifs, Tziganes, Slaves, handicapés. Elle n'est pas simplement l'industrialisation du massacre. Faute de cela, nous en restons au simple point de vue des nazis, point de vue qui ne dit pas tout de la chambre à gaz, parce qu'il escamote sa dimension ontologique. La chambre à gaz n'est pas seulement le lieu de la destruction des êtres " indignes de vivre " : Juifs, Tziganes, Slaves, handicapés. Elle n'est pas simplement l'industrialisation du massacre. Faute de cela, nous en restons au simple point de vue des nazis, point de vue qui ne dit pas tout de la chambre à gaz, parce qu'il escamote sa dimension ontologique. Si l'on pense la chambre à gaz, du point de vue des victimes, elle devient l'expérience d'un fond irréductible, que l'on ne peut faire sans trépasser, le lieu d'une opacité fondamentale, radicale, trace ontologique dans la structure ontique de l'objet, pliure de l'Être dans l'étant de la chambre à gaz. Elle apparaît comme une expérience négative qui renverse et dissout l'Être comme métaphysique et comme Sinaï. Plus fondamentalement, la chambre à gaz est sortie de l'Être, solution finale de l'Être comme question, comme texte, inauguration d'une nouvelle civilisation dont on n'a pas pris la démesure. Comme un fil est conducteur, la chambre à gaz conduit à repenser la métaphysique occidentale et la parole juive à partir de l'idée selon laquelle la solution finale, en tant que solution technique, c'est-à-dire solution définitive d'un problème, serait la réponse définitive et décisive à la question de l'Être. La chambre à gaz, si elle veut être saisie en tant que telle, engendre également une reprise de la pensée philosophique de la technique, particulièrement l'idée selon laquelle l'essence de la technique dévoile l'opposition entre la présence, l'utilisation de l'objet technique et sa finalité.