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L'ouvrage étudie les discours sur l'eugénisme et les pratiques de la stérilisation non volontaire en Suisse romande durant tout le 20e siècle. Les diversités cantonales, constatées autant au niveau des pratiques qu'à celui des législations sont mises en rapport avec les contextes religieux, culturels et politiques des cantons romands ; elles reflètent dans une certaine mesure la diversité des conceptions et des pratiques en Europe, à l'exception de l'Allemagne nazie. Il en découle que l'histoire des sétrilisations non volontaires en Suisse romande ne peut pas être considérée, là où elle a existé, simplement comme une page sombre du passé ; à aucune période et dans aucun canton, on ne peut parler de scandale collectif. L'étude révèle surtout le statut pitoyable de certaines femmes démunies, ballottées depuis l'enfance, incapables de s'adapter, rarement entendues ; elle révèle également l'impuissance des acteurs sociaux face à ces situations. De l'histoire d'une pratique médicale, on passe à l'histoire de la condition féminine, du contrôle des naissances, de la prise en charge des personnes handicapées, de l'aide sociale et du poids relatif de la société sur le contrôle des parcours individuels. Au-delà des révélations accusatrices récemment parues concernant la Suède ou le canton de Zurich, l'ouvrage démontre que la délicate question de la stérilisation non volontaire doit être comprise comme l'une des modalités de prévention sociale, envisagée de manière différente selon les lieux et les époques. Geneviève Heller et Gilles Jeanmonod sont historiens, Jacques Gasser, psychiatre et historien. Tous trois sont des collaborateurs de l'Institut universitaire romand d'histoire de la médecine et de la santé (Lausanne et Genève), dans lequel ils effectuent depuis plusieurs années des recherches sur l'histoire sociale et culturelle de la psychiatrie.