Prix public : 39,00 €
Un remarquable travail photographique qui met en avant une pratique méconnue et pourtant bien présente en Europe centrale: celle des Katakombenheilige , ou gisants, des ossements exhumés au moment de la Contre-Réforme pour être érigés en saints. Richement décorés, ils sont conservés dans de nombreuses églises, couvents et monastères. Traités comme des saints, couverts de pierreries et d'étoffes, les martyrs des catacombes romaines sont exhumés du labyrinthe funéraire au moment de la Contre-Réforme et portés vers une gloire triomphante. Alors qu'elles étaient tombées dans l'oubli pendant plus de 1200 ans, ces dépouilles exercent soudain une fascination nouvelle dans l'Europe chrétienne du XVIe au XIXe siècle. Ces squelettes sont souvent anonymes, mais la volonté de faire revivre le culte catholique dans les régions proches des contrées protestantes opère un étrange "miracle". Nombre de ces corps se retrouvent alors canonisés sans que l'on puisse vraiment attester de leur identité. On leur attribue également des noms et des places de choix dans les couvents et les monastères. La Suisse est tout particulièrement concernée par ce commerce de reliques. Aujourd'hui encore, elle regorge de trésors inestimables. Certains sont cachés, oubliés voire dénigrés. D'autres sont vénérés et exhibés comme témoignages de foi et oeuvres baroques. Entre le macabre et le sublime, ces ossements ornés d'or et d'argent qui semblent prêts à reprendre vie au retour du Messie sont avant tout des reliques historiques et artistiques. Un patrimoine méconnu enfin redécouvert grâce à ce travail inédit. La photographe Carole Alkabes a sillonné la Suisse afin de redonner vie aux Katakombenheilige, dont elle a tiré des clichés qui exaltent l'apparat de ces martyrs inconnus. Les plus grands sites religieux lui ont ouvert leurs portes pour que revive cet étrange culte. Et si la plupart des reliques sont pour ainsi dire factices, elles n'en sont pas moins porteuses de sens et relatent, dans leur faste, l'attachement des couvents qui les ont décorés pour les saints qu'ils étaient censés personnifier. Un hommage haut en couleurs, qui contraste avec notre conception actuelle de la mort, tout en retenue et en sobriété.