Prix public : 10,00 €
Hétérographe est né il y a six mois: l'accueil en a été chaleureux, les réactions enthousiastes et amicales. Nous nous positionnions pourtant (et continuons de le faire) à la marge et dans des eaux mouvantes. Quelques résistances se sont d'ailleurs manifestées face aux images - leur langage plus direct étant de prime abord frappant - qu'une partie des lectrices et des lecteurs a trouvées agressives, voire de mauvais goût, alors que leur connotation «sexuelle» n'était pas déclarée: on y voyait des parties du corps humain en très gros plans - familières et mystérieuses dans leur proximité - sur lesquelles glissaient parfois une ou plusieurs gouttes de liquide visqueux. Ces clichés ont dérangé et interrogé bien plus que les textes littéraires, car ils mettaient en scène - car ils rendaient visible au sens propre du mot - une frontière sur laquelle il n'est pas toujours aisé de se situer, celle entre dicible (montrable) et tabou, et encore plus celle entre établi et trouble. De façon à brouiller quelques cartes et à laisser émerger le reflet d'un regard - notre regard, votre regard - qui doit forcément composer avec les codes et les cadres qui nous façonnent, nous structurent, et parfois nous brident. Il faut l'admettre sans sourciller: ces réactions nous ont aussi conforté·e·s. Notre but n'était pas de rassurer ni de convaincre qui que ce soit de quoi que ce soit. L'idée était de faire bouger les étiquettes, les visions, les lectures, de les décentrer et de les dégrafer. Nous allons continuer ce décoiffage par voie littéraire et artistique des haies trop bien peignées par la civilisation. Pour que la délecture devienne vision et nos utopies une résistance à l'unanimité morose.