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Diverses évolutions, tant médico-techniques que de l’imaginaire et des mœurs sociales, tendent à effacer le propre de la naissance entretissée de hasard et de décision. La décision prenant une place croissante dans l’événement de la naissance, ne reste-t-il pour autant rien du hasard dans la condition natale ? N’est-ce pas cette part du hasard que nous célébrons en chaque naissance, dans une joie évidente que nous n’interrogeons pas ? En dépit des moyens récents et croissants de dicter à l’existence nos conditions, la condition humaine reste captive d’être née, sexuée et mortelle. La naissance, qu’est-ce que ça change ? La merveille d’un monde nouveau à chaque nouveau-né, mais aussi l’angoisse d’être né, de ce hasard vertigineux, parfaitement non choisi, qui nous coince dans un corps, une famille, une langue, une époque. Et ce hasard est ce qui fonde radicalement l’idée démocratique, qui coupe l’institution généalogique et ses déterminations. Reliant cet événement radicalement personnel et intime à sa dimension politique, Olivier Abel montre que chaque naissance change le monde bien au-delà du seul cercle de famille où l’enfant paraît.