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Les fêtes nationales et les hymnes patriotiques rencontrent en Amérique latine une ferveur remarquable. Pourtant, rien de spontané dans cet enthousiasme. Les dates choisies, les chants retenus et les commémorations mises en place sont les fruits de décisions politiques au service de projets médités de construction citoyenne. En fêtant la nation, le groupe se reconnaît un passé commun qu'il se remémore en même temps qu'il n'a de cesse de le réinterpréter. C'est une histoire comparée de ces réinterprétations, des façons de célébrer l'État-nation au Mexique et en Bolivie, pendant leur premier siècle de vie indépendante, qui est proposée ici. Les deux républiques naissantes partageaient une même volonté de construction nationale et une même préoccupation face à la forte composante « indigène » de leur population. Mais elles envisagèrent des modalités distinctes pour tisser ou raffermir les liens nationaux, pour intégrer ou exclure, pour mettre en scène ou invisibiliser les populations des territoires concernés. Au-delà des typologies esquissées, les politiques festives et symboliques cherchèrent à doter d'évidence un sentiment d'appartenance nationale encore embryonnaire, mais dont la généralisation devenait une nécessité politique