Prix public : 10,00 €
Le goût des possibles est un goût qui contient tous les autres, en potentiel, et que certains durians savent exprimer lorsqu'on laisse à ces fruits l’occasion de s’offrir d’eux-mêmes; de se détacher seuls de leur arbre. En Malaisie, où cette préséance est la norme, les durians ne sont plus tout à fait des ressources, ils échappent toujours un peu aux desseins humains. Ainsi rendus à la pluralité de leurs devenirs singuliers, ils sont plus contraignants. Dans le même temps ils contribuent à enrichir la diversité biologique et celle des expériences vivables. À travers des ethnographies situées dans l’espace et le temps de la globalisation, cet ouvrage investit les corps, lieux du sensible et source du sens moral, pour identifier et contextualiser différentes manières d’incarner des altérités humaines et végétales. De cette façon il montre comment la crise écologique, éthique et existentielle moderne peut être dérivée d’un tropisme cognitif, exacerbation de la disposition des Homo sapiens à se penser entre eux. Comme alternative à ce narcissisme et à ses conséquences, l’auteur suggère enfin qu’il est peut-être moins urgent de produire de nouveaux récits (de nouveaux symboles) que d’apprendre à faire autrement connaissance, et de laisser aux végétaux le pouvoir de contraindre vraiment.