Prix public : 30,00 €
Ce livre tente de ne rien oublier de la vie du sculpteur, et pose en creux la question, ô combien embarrassante, de l'art officiel sous un régime totalitaire, ainsi que celles de l'éventuelle conscience morale de l'artiste et du caractère sacré de l'œuvre, qui doit ou ne doit pas survivre aux atrocités de l'Histoire. A en croire les notices biographiques, la carrière d'Arno Breker se résume à sa collaboration artistique avec le Troisième Reich. Mais est-il seulement admis, plus de vingt-cinq ans après sa disparition, de parler du sculpteur en l'associant à " une œuvre " ? Pour certains, il est tout à fait possible de démêler l'art de la politique, pour d'autres, " les décorateurs de la barbarie " ne méritent ni exposition ni littérature – ce serait courir le risque de leur réhabilitation.La présente biographie nous paraissait néanmoins devoir exister. D'autant qu'elle trouve dans la personne de son auteur, Joe F. Bodenstein, une justification extraordinaire : il est le principal témoin vivant du sculpteur et de sa carrière. Il connaissait tout de ses opinions, de ses doutes, de ses amitiés, de ses ventes. Ainsi Joe F. Bodenstein raconte-t-il les vies parisiennes d'Arno Breker (de 1926 à 1932 puis dans les années soixante), revient sur son étroite relation avec l'architecte du régime nazi, Albert Speer, évoque la fin de la guerre, les jugements, les tentatives de récupération par Staline, et puis la (relative) renaissance de l'artiste : Jean Cocteau, Salvador Dalí, Peter Ludwig et même Konrad Adenauer lui passèrent commande au cours de ces années-là. Ce livre emprunte toutes les routes du sculpteur et tente, en creux, de définir la valeur de l'art officiel sous un régime totalitaire.