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Cette réflexion a pour ambition de comprendre les modalités de fonctionnement théorique du lettrisme au travers d'une étude du substrat intellectuel d'Isidore Isou entre 1945 et 1968. L'activité artistique et intellectuelle d'Isou s'inscrit complètement dans le contexte ces années. Mais au moment important d'une reconsidération et d'une remise en question des valeurs universalistes occidentales, le lettriste montre une filiation intellectuelle claire avec celles-ci. Le but d'Isou fut clairement de mettre au jour des lois d'analyse et de fonctionnement universelles, tant en ce qui concerne les choses de l'art que de chaque domaine de la connaissance, lois de fonctionnement issus d'une lecture téléologique et évolutionniste de l'« Histoire », permettant la mise au point de critères, notamment formels, de la nouveauté. Dans le champ global des avant-gardes de l'après-Seconde-Guerre, Isidore Isou est un restaurateur d'un certain type de valeurs et de certaines traditions qui ont forgé la culture de l'humanisme occidental. Mais tout en étant dans la prolongation des « traditions », il fut connecté aux problématiques de son temps. Celle de la communication, nouvelle utopie du XXe siècle. Celle de la sécrétion d'une esthétique permutationnelle. D'une esthétique du signe et davantage du signe linguistique. L'hypergraphie étant elle-même connectée aux recherches contemporaines sur le langage, sur la sémiotique, en tant que nouvelle grande utopie de la communication intégrale.