Prix public : 12,00 €
À la mi-janvier 1933, Alfred Barr s'installe avec son épouse Margaret dans une modeste petite pension de Stuttgart, en Allemagne. Il vient d'avoir trente et un ans et depuis moins de trois ans il est le premier directeur du jeune Museum of Modern Art de New York. De santé fragile, il est en congé sabbatique. Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler a été nommé chancelier. C'est donc aux premières loges d'une assez grande ville de province allemande que Barr va assister à la prise du pouvoir par les nazis. Et c'est en tant que connaisseur avisé du monde de l'art contemporain allemand que le jeune directeur du MoMA, atterré, observe pendant près de quatre mois une mise au pas immédiate et brutale et les débuts de la campagne systématique contre l'Entartete Kunst, l'art dégénéré. Quittant l'Allemagne fin mai, Barr rédige quatre articles qu'il propose à plusieurs revues américaines qui les refusent. Il ne paraîtront qu’en 1945 dans un magazine. Barr en restera profondément blessé. Il confie en 1945, qu'il avait écrit ces articles dans un état de rage, mais usant d'un style délibérément froid et factuel ; malheureusement il n'avait rencontré qu'indifférence. Alfred Barr ne se contenta pas d'écrire. Dès le mois de juin 1933, il s'employa à aider à fuir des historiens, directeurs de musées et artistes allemands menacés. Le lecteur pourra être frappé de l'étendue des connaissances de Barr, dans les domaines du cinéma, de la peinture, de l'architecture, de la sculpture. Sa conception du MoMA n'était pas celle d'un musée simplement consacré à la peinture et à la sculpture ; il n'eut de cesse d'y créer, souvent avec de multiples difficultés, un département de photographie, un d'architecture, un autre de cinéma, un autre d'arts appliqués. C'est ce vaste spectre d'intérêts que l'on découvre dans son récit de la conquête du pouvoir culturel par les nazis à Stuttgart en 1933.