Prix public : 34,00 €
Écrivant à une époque ou les genres littéraires en prose ne sont pas fixés, Thucydide ne doit pas être lu comme un pur historien. En déplaçant l’accent de la question de l’historiographie à celles de la politique et de la rationalité, on se rend compte que Thucydide incarne une pensée politique rivale de celle de Platon et Aristote, et dont les ramifications conduisent par delà Machiavel ou Hobbes à la tradition du réalisme politique. L’enjeu est de dégager les critères qui constituent ce type particulier de rationalité et de voir en quoi il fait pleinement partie de la pensée présocratique et se rattache à ce qu’on tente ici de décrire comme une rationalité tragique, en établissant des parallèles avec Sophocle et Héraclite. Il était ainsi nécessaire de replacer La Guerre du Péloponnèse dans la constellation des savoirs pré-platoniciens : l’histoire et la philosophie, mais aussi la rhétorique, la médecine, la sophistique et la tragédie : Thucydide écrit à une période où les différentes disciplines sont en train de se constituer, pas encore figées. Thucydide prétend incarner un nouveau type de savoir et de sagesse politique en développant l’analyse d’un événement humain – la guerre du Péloponnèse – qui a une valeur paradigmatique : en lui, le sage peut déchiffrer tout à la fois les fondements anthropologiques de l’action humaine (c’est-à-dire déterminer la nature humaine comme un objet de savoir rationnel) et une forme nouvelle de savoir politique, qui vise à rendre intelligible les mouvements historiques et politiques. L’ouvrage contribue à redessiner l’espace de la pensée présocratique, en déplaçant les frontières disciplinaires et en donnant une place majeure au tragique et à Thucydide.