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Seule l'Europe est susceptible de défendre la notion d'universalisme, bien plus menacée que les particularismes locaux par la globalisation. La défense de l'héritage européen impose toutefois une autocritique complète. Ce que nous jugeons dangereux dans la politique et la civilisation américaines, c'est l'une des conséquences possibles du projet européen. Dans les années trente, Max Horkheimer écrivait que ceux qui ne voulaient pas s'exprimer (de façon critique) sur le libéralisme devaient également rester silencieux à propos du fascisme. Il faudrait dire à ceux qui attaquent le nouvel impérialisme américain : ceux qui ne veulent pas s'engager dans la critique de l'Europe devraient également se taire à propos des USA. Si la défense de l'héritage européen se limite à la défense de la tradition démocratique européenne, la bataille est perdue d'avance. L'Europe doit réinventer, dans l'acte même de défense, ce qu'elle a à défendre. Il nous faut remettre en question, impitoyablement, les fondations mêmes de l'héritage européen, jusqu'à ces vaches sacrées (y compris ces vaches sacrées) que sont la démocratie et les droits de l'homme.