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On donne à un homme un coursier de Sardie pour le récompenser immensément. On lui en donne quatre ou cinq pour l'élever au-dessus de ses pairs, lui faire tutoyer l'élite – et lui valoir la jalousie, parfois mortelle, de ceux qui montent les chevaux des steppes. L'impératrice consort du Tagur venait de lui accorder deux cent cinquante chevaux célestes. À lui, Shen Tai, fils cadet du général Shen Gao, en reconnaissance de son courage, de sa dévotion et de l'honneur rendu aux morts de la bataille du Kuala Nor. « On me tuera pour s'en emparer. On me réduira en charpie pour mettre la main sur ces chevaux avant même que j'aie regagné la capitale. » Deux cent cinquante sardiens, introduits par son entremise dans un empire qui éprouvait pour ces montures un désir insatiable, qui gravait à leur image des blocs de jade et d'ivoire, qui associait les mots de ses poètes au tonnerre de leurs sabots mythiques. Le monde vous offre parfois du poison dans une coupe incrustée de pierreries, ou alors des présents stupéfiants. Il n'est pas toujours facile de distinguer l'un de l'autre. Il est une forme de fantasy dont le Canadien Guy Gavriel Kay est le maître incontesté. Entre la Provence médiévale de La Chanson d'Arbonne, l'Espagne de la Reconquista des Lions d'AI-Rassan, l'empire byzantin de La Mosaïque de Sarance, il revisite l'histoire sous une coloration fantastique et l'imprègne de son lyrisme mélancolique si particulier. Les Chevaux célestes s'inspire de la Chine du VIle siècle sous la dynastie des Tang.