Prix public : 12,00 €
Lorsque Emma Lavinia Gifford, épouse Thomas Hardy, décède le 27 novembre 1912, le couple qu’elle forme avec le célèbre romancier et poète, est depuis plusieurs années marqué par la maladie d’Emma, sa réclusion, la défiance mutuelle, le silence, l’indifférence apparente de Thomas, la séparation physique dans la maison de Max Gate. Une femme, Florence Dugdale, existe dans la vie de Hardy : elle deviendra sa deuxième épouse. Pourtant, le décès d’Emma, que le poète conçoit comme imprévu et brutal — elle n’a même pas proféré d’« Au-revoir » —, va précipiter la composition de ses Poèmes d’amour à Emma, que Claire Tomalin décrit comme des « élégies inattendues ». Lui qui ne lui parlait plus de son vivant, et semblait si singulièrement indifférent à son état, ne va cesser de l’interpeller sur le mode du « te souvient-il », de revisiter par la poésie les lieux chéris de leurs randonnées et promenades communes dans cette contrée du Wessex mythique explorée dans les romans. L’évocation de la façade Atlantique, avec ses falaises et ses promontoires, le dispute à celle des chemins, routes et chemins familiers qu’ils empruntaient ensemble. Chez cet écrivain qu’admirait Proust et contemporain de Henry James, c’est tout un processus de remémoration qui se met en place, visant à reconstruire l’image d’Emma disparue à travers des instantanés de souvenirs vivaces. À force de l’interpeller, le poète finit par faire parler Emma d’outre-tombe, et faire entendre la voix fantomatique de celle qui se définit elle-même comme « Celle qui hante ».