Prix public : 22,30 €
Une vague d’au moins vingt mètres de haut avance sur nous. Rouleau gigantesque, elle chevauche les autres de moindre importance. Le bosco et moi, nous nous regardons avec le sentiment que le navire ne passera pas. Et pourtant, contre toute attente, l’étrave se prête et monte. Elle monte avec peine, sans doute à regret, mais elle monte. Le navire se couche sur bâbord. Quand l’étrave, tout là-bas, dépasse la crête, il y a comme un hoquet d’incertitude devant le gouffre qui s’ouvre… Lévitation, étonnement, rêve peut-être. Alors le navire bascule sur l’autre bord et glisse le long de la pente. Le choc se produit dans la seconde qui suit. Écrasement au fond d’un fossé, mer transformée en forteresse… » Quand il affronte ce gros temps dans les années quatre-vingts, Marc Soviche est le pacha de l’Atlantique Cartier, qui est alors le plus gros porte-conteneurs de la Compagnie générale maritime avec 293 mètres de long. Mais Marc Soviche fut aussi, dans les années soixante, un tout jeune lieutenant, et il commença sa carrière sur l’Auray, un vieux navire qui faisait le tour du Monde à moins de 11 nœuds et en 180 jours ! Son témoignage, dépaysant et attachant, raconte deux mondes maritimes qui se sont succédé en l’espace de 30 ans : celui du voyage à petite vitesse et à longues escales, aussi exotiques… qu’imprévisibles, et celui des grandes lignes aux rythmes effrénés où les navires, aussi immenses soient-ils, se manœuvrent au centimètre près.