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En mettant en avant les passeurs, les alliées et les transfuges français qui se sont rapprochés d'une manière ou d'une autre des peuples colonisés et de leurs cultures, le but de ce Cahier de la SIELEC n'est nullement de réhabiliter la colonisation, ni même d'en euphémiser la violence politique, économique et symbolique sous le prétexte de la complexité. La colonisation fut une entreprise profondément aliénante d'un point de vue culturel, en particulier parce qu'elle assigna colonisateurs et colonisés à des identités culturelles figées qui n'avaient en fait que peu à voir avec la réalité de leur histoire.
Même si elle a lieu dans le cadre contraint et inégalitaire de l'institution coloniale productrice d'une culture coloniale qui est principalement un outil de domination, la relation entre les peuples colonisateurs et les peuples colonisés ne se limite toutefois pas au face-à-face du vainqueur et du vaincu. Entre la zone grise des arrangements et la zone rouge des contestations frontales, elle laisse en effet se développer un autre monde fait d'échanges, d'hybridations et de solidarités.
Comme processus de mise en contact de peuples à grande échelle, la colonisation occasionne dès les premières prises de contact des rencontres singulières de toutes sortes, faites de doutes et de curiosités, de partages et d'appropriations, de prises de conscience, d'engagements et de révoltes. C'est des modalités de ces passages à l'autre que ce volume aimerait rendre compte dans une démarche typologique, qu'indiquent les trois termes de passeurs, d'alliés et de transfuges et à partir de laquelle il aimerait renouveler la manière habituelle d'écrire l'histoire littéraire et culturelle de la France.